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CTABANON

27 janvier 2015

Location d'une maison de village à Banon en Haute-Provence

Location d'une maison de village à Banon en Haute-Provence
Hébergement pour 6 personnes - 100 m² - NON FUMEUR - Animaux non acceptés EXTERIEUR accès rue de l'Industrie - parking dans la rue - cour calme et ensoleillée orientée sud - abri repas avec point d'eau - jardinet INTERIEUR cuisine équipée - salle de séjour...
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17 mai 2020

Les Blancs

Blancs

C’est une grande famille. 
D’abord par le nombre.
Marthe Blanc, née Laugier, épousa Kléber Blanc à Banon en 1927, ils eurent 13 enfants et je suis moi un des fils de leur 8ième, ma mère, un parmi 30 petits-enfants. Dans une vie de petit homme une famille comme ça occupe une grande place, déjà symboliquement mais aussi dans les comportements et réflexes qu’on nous transmet et qu’on adopte sans trop calculer. Il faut ensuite grandir et mettre cette encombrante compagne à sa place, ni trop haut, ni trop bas mais à sa place. Il est assez facile de tomber dans le piège de l’idéalisation, de faire de la famille de sa mère ou de son père une sorte de référence, de ne voir ses grands-parents que comme ils sont quand on va les voir une ou deux fois par an et qu’on sent le lien puissant qui nous lie tous ensemble. Martha est morte en 1997, Kléber en 2000, après des vies longues et bien remplies.

Il se trouve qu’en 1997 nous avions acheté une petite maison à Banon, celle de ce blog. Mon idée était, entre autres, de pouvoir passer du temps avec ma grand-mère, comme ça, au quotidien pour découvrir la femme qu’elle était. Elle mourut juste avant que ce soit possible. Nous avons ensuite habité cette maison de 1998 à 2003 et là j’ai passé du temps avec mon grand-père et j’ai pris des notes. J’ai ensuite passé du temps avec un de mes oncles, Jean qui était né en 1931 et j’ai complété ces souvenirs.

Je vis donc essayer de balayer le 20ième siècle en me centrant sur Banon et les Blancs. Kléber est né en 1904 à Simiane et a passé sa vie entière à Banon, à 10 km de là, à une époque où on ne partait pas. Une vie proche de la nature, de l’église, dans un environnement familial large mais figé, en supportant 2 guerres puis une vie portée par un état moderne qui se met en place, même dans les campagnes.

Dans cette histoire la mémoire va aussi nous jouer des tours. Je vais me contenter ici de reprendre mes notes et d’écrire mes impressions personnelles. Dans une famille si nombreuse il y a toujours plusieurs versions d’un événement. J’ai eu à ce jour 3 versions de la recette de la soupe au pistou que faisait Marthe, chaque fois qu’une de ses filles me la donnait elle jurait en être la seule détentrice et pourtant ces 3 versions étaient différentes. Ce qui marche pour le pistou est valable pour tout le reste, chacun finit par se faire une idée et quand on est 13 à se faire une idée ça fait 13 versions ou pas loin. Ces divergences peuvent parfois aller assez loin et faire monter certains dans les tours, « non, c’est pas possible, elle ne mettait pas ça dans le pistou, je tiens la recette de ma mère, qui est-ce qui t’a raconté ça ? »

C’est donc en terrain miné que je vais raconter mon histoire. Les années nous permettent cependant de ne garder que l’essentiel de tout ça, chacun avec son essentiel.

13 mai 2012

Joli mois de mai

 

En mai fais-ce qu'il te plaît!

Pour commencer le mois nous avons choisi de repeindre les volets sans en changer la couleur de façon significative

entre deux couches

un petit tour  à la Blâche et puis s'en vont.

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borie

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narcisses des près

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13 novembre 2011

Notre-dame des Anges

Cette chapelle se situe sur un promontoire à 753 m d'altitude 2 km au sud-est de Banon, bien visible depuis la D 950 en direction de Forcalquier et St Etienne-les-Orgues.

Le sentier d'accès démarre à gauche dans le premier virage de l'entrée des gorges du Largue. Entamer un séjour à Banon par ce petit pèlerinage est un bon moyeu de sentir le pays.

10 mn de marche suffisent pour y accéder depuis la route, une petite heure depuis la maison; fin mai s il est possible d'identifier plus de 30 variétés différentes de fleurs sur le sentier qui mène à l'église. L'édifice date de la fin du 13ième siècle. La façade principale présente la porte principale encadrée des statues de St Joseph et Ste Anne, le clocher étant surmonté d'une statue en bronze de la vierge.

C'est un lieu paisible et la vue sur Banon et ses alentours y est charmante.

Cette chapelle a accompagné notre famille. Le xx mai 1927, notre grand-mère Marthe Laugier y épousait Jules Kléber Blanc. Leur famille au grand complet s'y retrouvait le xx mai 1997 pour fêter leurs 70 ans de mariage.

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Quelques mois plus tard Martha alors âgée de 94 ans s'éteignait à Banon, après une vie bien remplie.

22 mai 2010

Les Calanques

Les Calanques en Provence, c'est ce petit massif rocheux et maritime qui se loge à l'est immédiat de Marseille. Il est évidemment possible de les explorer sur plusieurs jours mais un séjour dans notre maison permet d'y faire facilement une visite sur la journée. Cette visite maritime complète idéalement les parcours provençaux qui sont envisageables par ailleurs. Car la Provence c'est aussi la Mer. Il est loin le temps des pêcheurs en pointu qui vendaient chaque matin sur les marchés marseillais leur poisson péché la nuit. Mais on ressentira à Sormiou, Morgiou ou Cassis, toute l'histoire méditerranéenne de la Provence. Ces calanques nous rappellent tout ce que la Provence doit à la Grèce.

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La calanque de Morgiou se trouve à 140 km de Banon et le temps de parcours dans un sens est inférieur à 2 heures par l'autoroute: un départ à 8 heures, permet d'être les pieds dans l'eau vers 10 heures 30. Ce que je conseille est de se rendre à Luminy, faculté campagnarde de Marseille puis de cheminer à pied par le Col de Sugiton. Descendre alors dans la calanque de Sugiton et passer ensuite par le GR 98 vers la calanque de Morgiou. Essayer d'y aller directement en voiture risque de s'avérer impossible étant donné l'attrait du lieu.

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Continuer ensuite vers la calanque de Sormiou, toujours par le GR. Profiter d'une des nombreuses criques pour piquer une tête et pique-niquer en respectant la nature. Le retour se fait gentiment par le col de Beaumettes puis retour vers Luminy. Le massif des Calanques est aussi un haut lieu de l'escalade. En particulier il y est possible de faire des "traversées", c'est à dire cheminer en escaladant latéralement en restant à quelques centimètres ou mètres de l'eau, en toute sécurité puisque tout chute s'y termine dans l'eau.

La journée peut se compléter agréablement au retour par une flânerie sur le cours Mirabeau à Aix-en-Provence.

 

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16 mai 2009

Le palmier

Malgré son altitude (780m), des hivers rigoureux et un espace exigu, notre cour contient un palmier-datier. Mon grand père Kléber, né en 1904, affirmait qu'il avait été planté vers 1900 à partir d'un noyau. Il semble que celui-ci soit une femelle, chaque palmier ayant un sexe. Dans les plantations, les femelles sont pollinisées manuellement, une main humaine devant insérer une branche issue d'un palmier mâle parmi les régimes des palmiers femelle. La palmier aime l'eau et la chaleur; à Banon il a la chaleur l'été et peut-être y a-t-il de l'eau sous ses racines puisqu'un puits se trouve à environ 5 mètres de lui dans le jardin mitoyen.

Quand nous avons acheté la maison en 1997, le palmier était dans la cour;  son bloc de racines d'environ 1m3 était surélevé, enserré dans un cadre bétonné. Pour tout dire, il prenait trop de place dans cette cour minuscule à l'époque (disons 10 m²). L'idée nous vint donc de le couper et de nous en débarrasser pour faire de la place.

Croisant un jour le maire de Banon, qui se trouvait être aussi mon oncle, je lui indiquais que nous avions décidé de couper le palmier.

- Mais tu n'as pas le droit, il est protégé !

- Protégé par qui, par quoi ?

- Tu te rends pas compte, il n'y a que 2 palmiers à Banon, le votre plus un autre plus bas dans le village, tu ne peux pas le couper !

- Mais qui nous en empêchera, on veut!  avoir plus de place dans notre cour, on est chez nous quand même !

- Si il le faut, je prendrai un arrêté pour protéger ce palmier !

Je rentrais chez moi et recherchais alors sur internet pour savoir si, vraiment, un maire pouvait prendre un arrêté pour un truc pareil. Mes recherches semblaient me confirmer que je pouvais couper mon palmier. Mais pouvais-je me mettre le maire à dos ? Souvent dans le village quand on croisait quelqu'un il finissait toujours par nous dire "Oui mais le maire c'est ton oncle". Comme si cela nous donnait un quelconque avantage Comme disait un de mes cousins, "le seul avantage d'avoir son oncle pour maire c'est que quand il nous emmerde, on peut le lui dire".

Mais plus sérieusement, ce palmier faisait partie du patrimoine de la commune, même si quasiment personne ne savait qu'il était là. Et le maire avait raison. En fait, le vrai problème n'était pas le palmier mais ses racines qui prenaient trop de place. Une solution nous vint à l'esprit: faire un trou dans la cour là où ça nous arrangeait pour loger les racines puis le déplacer.

Je retournais donc voir M. Le maire pour lui suggérer mon idée :

- on peut garder le palmier si on le déplace, mais nous ne pouvons pas le faire, c'est trop de travail, il faut que la mairie prenne en charge ces travaux.

- D'accord, je vois ça, mais il faut le garder !

Quelques mois plus tard, les travaux étaient organisés et durèrent plusieurs jours. Un pied d'échafaudage était installé de chaque côté du palmier, deux madriers étaient posés en travers sur lequel le palmier était arrimé solidement. Ensuite il fallut creuser le nouveau trou qui devait accueillir le palmier puis dégager les racines du palmier; comme il était suspendu, il "suffisait" ensuite le déplacer vers son nouveau trou.

Les photos sont éloquentes :

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La transplantation n'eut pas eu d'effet néfaste sur la plante et finalement le résultat est assez réussi.

palmierOn regrette seulement d'avoir à balayer au printemps sous l'arbre pour récupérer ses graines non fécondées.

Deux péripéties ont ensuite été liées à ce palmier. Quelques mois après les travaux, un tract anonyme dévoilait l'opération au plus grand nombre et attaquait le maire. Ses opposants du moment avaient trouvé là du grain à moudre. Un schéma illustrait le montage utilisé et moquait ce maire qui chouchoutait sa famille. Cela nous fit bien rire car il n'y avait eu aucun secret autour de ce chantier.

Quelques mois plus tard, pour amuser mes enfants à qui nous avions offert des pétards à mèche, j'eus la bonne idée d'insérer un de ces pétards à l'horizontale entre les fibres du tronc du palmier avant de l'allumer. Malheureusement en l'allumant, je mettais aussi le feu au palmier. Je sais depuis qu'un palmier brule comme une torche. Heureusement, le tuyau d'arrosage se trouvait à proximité et le début d'incendie fut vite maîtrisé.

Je me voyais mal retourner voir le maire pour lui dire que, finalement, j'avais fait brûler son palmier.

Depuis, lors de nos déplacements, je recherche les palmiers. Peu à peu, j'ai acquis la conviction que ce palmier devait avoir un privilège: être le palmier le plus haut d'Europe et peut-être mérite-t-il une page dans le Guinness book ?

 

2 novembre 2008

Champignons

8 heures ce samedi matin 1er novembre, je passe à la boucherie Michel, sur la place. Je voudrais un saucisson, mais ceux qui sont là me paraissent trop frais :

- vous n'en avez pas des plus faits ?

- Oh, en ce moment, avec les champignons on n'arrive pas à en tenir !

- Comment ça ?

- Ben, avec ce qu'il y a comme champignons, les ramasseurs sont nombreux et en passant ils achètent des saucissons. Donc on  n'arrive pas à suivre !

Il paraît clair qu'il y a des champignons. Mon frère est là ce WE. Comme on s'est levés tôt nous voilà « partis aux champignons ».

Nous montons au dessus de Bertranet. Il faut trouver une forêt orientée vers l'est. Pour l'instant, on voit déjà une profusion de champignons non comestibles, c'est un signe positif. Plus haut, j'ai un coin bien identifiable où je commence toujours: si je n'en trouve pas là, c'est que j'en trouverai pas.  Ça tombe bien, mon frère trouve une première girole.

Nous partons sur le versant bien à l'est et là, tout d'un coup, giroles, trompettes de la mort et pieds de mouton nous attendent. A quatre, nous allons en sortir entre 3 et 4 kg en une heure.

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Le lendemain, nous faisons une autre tentative pour trouver des ceps ce coup-ci. Il est un peu tard dans la saison, mais sait-on jamais. Nous montons à 6 cette fois direction Revest-du-Bion, puis direction Caladaire. Nous garons la voiture loin des regards.

Ici, des gens possèdent des hectares de forêts, les panneaux d'interdiction de ramasser l'attestent. Nous attaquons dans des pins où autrefois j'avais trouvé des montagnes de ceps. Mais aujourd'hui, la saison semble passée, rien. Je me risque à nouveau vers l'est, dans un bois de chênes. Et là comme hier, giroles et pieds de moutons nous attendent. Nous retournons à la voiture où nos compagnons nous attendent pour rentrer. Ils n'ont pas de champignons !

- Et alors ?

- un paysan est passé, est sorti furax de sa voiture : « vous m'avez volé mes champignons, ici c'est chez moi, vous auriez pu demander... » Puis il les a pris d'autorité et est parti !

- Et nous on s'est retrouvés nez à nez avec des chasseurs qui tiraient sur des sangliers alors on est rentré dare dare !

Mon frère a essayé son humour sur l'homme: « le Provencal n'est pas très partageur » mais sans résultat.

Les champignons c'est fameux mais à Banon ou dans le coin on est toujours chez quelqu'un. Donc soit on ramasse en douce, soit on demande l'autorisation.

27 juin 2008

exposition artisanat d'art

Effets_de_matire

2 juin 2008

Sur les traces du Titin

La promenade peut se faire à pied au départ de la maison et prend 2 heures.

carteTitin
Descendre en direction des Rivarels.
Arrivé dans le hameau prendre à droite en face d'un puits se trouvant sur la gauche.
La maison natale de Titin se trouve alors sur la droite 100 m plus loin. Elle a gardé son charme d'antan et son style purement provençal.
Revenir vers la route goudronnée puis continuer de descendre en direction de la station d'épuration.
Avant celle-ci, prendre à droite: on est à Castor.
La maison du Campanier est mitoyenne de celle, toujours habitée, qui donne sur le chemin et n'est pas en très bon état.
A l'arrière, un tas de pierre laisse imaginer l'ossuaire.
Reprendre le chemin longeant la maison puis 200 m plus loin, attaquer la colline en direction des bories que l'on atteint sans difficulté. Un des deux comporte une jolie collerette dans son toit. De là, la vue sur Banon est superbe. Un enclos cerne chaque borie, qui permettait autrefois de parquer les bêtes.
Au retour, prendre le chemin en direction de l'ouest pour rejoindre la route de Manosque d'où on remonte à pied vers le village.

7 mai 2008

"Les cloches" JP. Clébert Provence insolite, Éditions Grasset 1958

ON m’avait dit d’aller voir à Banon "Firmin le Campanié", c’est-à-dire le sonneur de cloches, de cam­panes, l’habitué du campanile. Personnage insolite qui depuis plus de trente ans collectionne et fabrique des cloches.

Muni d’un pareil renseignement, je n’hésite jamais. A six heures du soir, nous voici au coeur de la patrie des fromages de chèvre, au café de France devant un pastis, nous enquérant de ce son­nailleur.

    - Ah diable ! dit le bistrot, c’est qu’il est à l’hôpital des vieux.

C’est à cent cinquante mètres. On a le temps. On ira tout à l’heure. Les vieillards à cet instant doivent encore racler leur bol de soupe. En attendant, devant d’autres pastis, on fait jaser notre patron. C’est le métier. Les derniers potins du pays, les faits-divers, les petits événements, notre moisson quotidienne.

    - Vous tombez bien, dit le cafe­tier, et en pleine histoire (on ne sait pas encore s’il y met un h majuscule). Une affaire de cloche, justement. On a volé celle de Montsalier, le vieux village (quatre ruines, trois maisons, une vieille église désaf­fectée, des tours qui s’ébranlent et des caillasses à la pelle, quelque part sur un éperon rocheux au sud de Banon). Toute la région est en révolution. Pensez donc : quatre cents kilos ! Ils sont venus de nuit. (Ils, parce que avec un poids pareil, pour la descendre du campanile...) Et pourquoi faire, bon Dieu? Pas pour attacher au col d’une chèvre ! Des ferrailleurs qui vendent au poids du bronze, ou des fadas, des fondus (l’astuce du bonhomme est visiblement invo­lontaire) qui vont en garnir leur plafond...

Mais cloche ou pas cloche, nous avons mieux à faire. Celle de Montsalier nous laisse froids. On file à l’hospice. Mais il n’est pas possible de voir Firmin. La mère supérieure qui nous reçoit très gentiment prétend que le pauvre a peur des gendarmes et qu’on l’em­mène en prison. Il faut la présence de quelqu’un de la famille, son gendre par exemple, un nommé Kléber.


Nous retournons donc au village. Traversant la placette, un gendarme à trois ficelles vient à ma rencontre (Jojo Glasberg est parti pisser) et sans plus d’explication m’intime l’ordre de le suivre
à la gen­darmerie. J’ai trop l’habitude ce genre d’invita­tion pour me formaliser, et pour protester. Vous l’avez vu, Firmin? demande le brigadier. Diable déjà au courant ! En entrant dans son bureau, il sort d’un dossier une poignée de photos. Elles repré­sentent un clocher, avec une cloche. Vous savez ce que c’est ? me demande-t-il.

    —
Eh! c’est la cloche de Montsalier.
   
Ah ! vous la connaissez! triomphe la voix du gendarme.
    —
Moi, pas du tout.
   
Mais enfin!
   
Non.
   
Comment, non?
    —
Non, mais tout le monde en parle.

Nous restons chacun sur nos terres. Un ange
passe. Puis il me demande mes papiers. Pendant qu'il recopie ma génealogie, il me prie d’aller chercher mon collègue. Sur le seuil de la gendarmerie, je guette Glasberg qui au coin de la rue lève les bras au ciel en me voyant devant pareille boutique. Encore le emmerdements ! lis-je facilement sur son visage.

    —
Amène-toi, lui crié-je, c’est pour le vol de la cloche.
   
Pas du tout, clame derrière moi le brigadier, comme piqué au vif, je n’ai jamais dit ça...

Pour. le rassurer, je lui dis que je plaisante. Mais on sait bien que ‘les gendarmes se méfient de la plaisan­terie  comme d'un aspic. Nos papiers reconnus, et notre profession, nous pouvons tranquillement retourner au bistrot...

Le lendemain, nous visitons enfin le clocher de Firmin. C’est d’ailleurs un clocher à ras de terre, emplissant deux pièces d’un bastidon et son soleil­loun. Spectacle incroyable ! Un bon millier de clochettes, de sonnailles, de grelots, de campanes tombe du plafond, à un mètre du sol et tout ça pend au bout de ficelles, de tringles, de fils de fer, comme des fleurs sombres à corolles, nées du plafond, et il y en a tant qu’on ne distingue pas la profondeur de la pièce ni de quoi sont faites ces cloches encore immobiles.

Ce n’est qu’après une certaine accoutu­mance à la pénombre qu’on découvre l’hétéroclite matériau : boîtes de conserves, bidons d’huile et d’essence, boîtes en fer de vulgaire épicerie, caisses de bois sans couvercle, les battants étant de toute forme et de toute nature depuis le traditionnel tibia d’âne, en os, en cuir, en bois, en corne, en fer, en gros clous, en cuiller, en pendeloque de verre, en manche d’outil, et perdues dans cette forêt à l’envers, de vraies cloches, épanouies et dodues, gra­vées de latin de cuisine, des pancartes, des feuilles de papier gras collées depuis une éternité sur des   calen­driers des postes qui recommandent aux visiteurs, d’une écriture naïve et malhabile, de prendre garde


        "L’entrée du clocher est interdite aux chiens"

        "
les attouchements sur les cloches sont rigoureusement interdits par le carionneur de Castor (c’est le nom de la campagne), les attouchements donnent du vert de gris ou la rouille..."

Firmin, de son vrai nom Bonnefoy Augustin, est un minuscule vieillard de quatre-vingt-deux ans, dont les yeux pétillent de contentement devant notre
émerveillement. Le voilà qui se glisse sous le premier rideau de clochettes, et s’enfonce sous ce lustre étrange. Il disparaît à nos yeux. Puis on distingue son corps replié, assis sur une planche rembourrée, une espèce de banquette, les pieds sur des pédales de bois, la tête perdue dans l’invraisemblable chevelure des fils de fer, et ses mains, tous doigts écartelés, se crispent sur des chaînes entrelacées, dans des anneaux reliés aux tringles.

Brusquement, des centaines de cloches se mettent
à vibrer, les boîtes de conserve à se balancer, les son­nailles à s’agiter, les grelots à trépider. Cela fait sou­dain un ahurissant boucan, un tapage inattendu, un tintamarre démentiel. Le bruit des chaînes secouées vaut celui des fers-blancs frappés de bâtonnets de bois sec.

Du fond de sa mécanique, de son effarante machine à sous à pédales et rouages de bicyclettes, le plus étonnant des hommes-orchestre nous crie le nom
de la burlesque cacophonie qu’il nous interprète. Et cela a nom Ave Maria de quelque chose. Curieuse musique à percussion que lui envieraient certaine­ment les Indiens de l’Orénoque. Et je pense soudain, voyant cet homme, à moitié sourd probablement, faire des pieds et des mains pour rythmer ces sons bar­bares, aux premières batteries des noirs de Harlem, à leurs orchestres aussi de boîtes de conserve, de rapes, de planches à lessive...

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